D’après l’AAE (Association Africaine de l’Eau), le continent noir concentre 30% des réserves mondiales d’eau douce répartis entre 3 lacs : Tanganyika, Victoria et Malawi. Aussi, il regorge de 660.000 km3 de nappes d’eaux souterraines. Néanmoins, ces réserves ne sont exploitées qu’à 4% par les habitants.
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Les facteurs de sous-exploitation des eaux souterraines
Plusieurs raisons expliquent un tel paradoxe. Les principales sont : la pollution marine, l’eutrophisation des bassins, le changement climatique et les catastrophes hydriques.
- Pollution marine
Ordures ménagères, aérosols, eaux usées, déchets plastiques,… la dégradation des eaux a la peau dure en Afrique. Chaque année, 120.000 tonnes de plastique se retrouvent dans les bassins du Nil et du Niger. Par conséquent, ces détritus menacent la survie de la biodiversité aquatique et des populations. En effet, la plupart des populations avoisinantes s’en servent pour se nourrir et faire du commerce.
- Eutrophisation des bassins
Ce phénomène se produit quand un milieu aquatique devient très riche en nutriments végétaux. Ainsi, le nombre de plantes et d’algues augmente, si bien qu’elles meurent, emportant avec elles l’oxygène de l’eau. C’est ce qui se produit actuellement dans le lac Victoria dont la population environnante avoisine les 45 millions de personnes. Une telle détérioration du bassin a entraîné la hausse du prix de l’eau potable, les difficultés de navigation et d’accès à une eau saine.
- Variations de température
Le retour des vagues de chaleur en Afrique influence grandement l’existence des espèces des milieux aquatiques. Le rapport du GIEC d’août 2021 indique 3 conséquences possibles. Premièrement, on note l’acidification de l’eau due à l’augmentation de l’empreinte carbone. Ensuite, il y a un risque d’élévation du niveau des mers, particulièrement de la Mauritanie au Golfe de Guinée. Plus grave encore, il y a des chances de voir les catastrophes hydriques (inondations, tempêtes et cyclones) se démultiplier dans des zones telles que le Mozambique, qui a connu des épisodes similaires ces deux dernières années.
Que faire pour résoudre l’équation des eaux souterraines non exploitées en Afrique ?
Au vue des dégâts, les nations africaines ont décidé de développer diverses tactiques à l’échelle régionale, nationale et locale. Celles-ci se présentent sous la forme de projets et techniques alternatives.
- Dessalement de l’eau de mer
Pour y arriver, il existe diverses technologies : congélation, électrodyalyse, distillation et osmose inverse. Il faut noter que les dernières ont connu un essor important depuis 2000, grâce à leur faible coût d’utilisation. Jusqu’en 2015, le dessalement était assez répandu en Afrique du Nord. Rien qu’en Égypte, on compte 76 usines de dessalement et 14 en cours pour 2022. Néanmoins, la construction d’infrastructures similaires est prévue au Kenya, Cap-Vert, Djibouti et en Tanzanie.
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- Systèmes d’alertes sophistiqués
Ils sont issus de la technologie nucléaire. Grâce aux techniques isotopiques, les gouvernements africains pourront surveiller ses écosystèmes marins pour agir au moment opportun. Il faut noter que la technologie nucléaire a été proposée en septembre 2021 autour d’une table ronde organisée par l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique). Lors des assises, elle a proposé le projet NUTEC Plastics, issu de ses précédents travaux.