Les rapports entre les gardes du parc de Kahuzi-Biega et les membres de la communauté Batwa souhaitant accéder aux terres ancestrales sont tendus depuis la création du parc en 1970 jusqu’à ce jour. Les Batwa vivant actuellement dans le parc sont ceux qui sont retournés sur leurs terres en 2018 après que les autorités du parc ont promis d’établir un projet pilote leur donnant accès à plusieurs zones du parc. Le dialogue entre les Batwa et les responsables du parc s’est poursuivi, mais certains membres Batwa ont déclaré qu’ils estimaient que le processus prenait trop de temps et sont retournés dans le parc avant que les décisions ne soient finalisées. Une situation qui a fini par exploser.
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Kahuzi-Biega, l’un des plus grands parcs nationaux du pays est le siège d’une riche biodiversité qui comprend 136 mammifères protégés, comme le Gorilla beringei graueri. La plus grande population restante de cette famille de gorilles des plaines orientales est en voie de disparition. La création de cette réserve a été critiquée comme exemple de conservation et par la suite, les peuples autochtones et locaux ont été déplacés et recasés hors de cette réserve sans tenir compte de leur rôle de gardiens de l’environnement.
Depuis la création du parc, plus de 6 000 Batwa ont été retirés de leurs terres ancestrales. Au fil des décennies, ils ont été victimes de violations des droits humains. Une situation qui se poursuit encore aujourd’hui. Selon certains gardes forestiers et organisations basés en RDC, plusieurs membres de la communauté Batwa à Kahuzi-Biega et à proximité ont radicalement changé leur mode de vie et ont abandonné leurs moyens de subsistance traditionnels. Ils pratiquent désormais l’exploitation forestière et le braconnage.
Selon les acteurs de la conservation, « les Batwa sont ceux qui endommagent l’écosystème incroyablement précieux de la région » a déclaré le Forest Peoples Programme (FPP) dans un communiqué. Les raids signalés sur les Batwa ne sont pas les premiers signalés par le FPP cette année. Une opération conjointe menée le 23 juillet a entraîné la mort de deux hommes et l’incendie de plusieurs maisons. Selon le FPP, les violences visant les femmes ont fait deux morts et une troisième femme a fait une fausse couche.
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Il existe peu de documentation sur les incidents signalés de violations des droits humains contre les Batwa vivant à Kahuzi-Beige. Cependant, un rapport publié en octobre par l’Initiative for Equality, un réseau soutenant les organisations de défense des droits des Batwa en RDC, a mis en évidence un certain nombre de violations des droits humains qui se sont produites dans et autour du parc au cours des cinq dernières années. Au cours de cette période, selon le rapport, au moins 20 Batwa ont été tués lors de raids et 14 blessés et menacés. Neuf villages batwa, comprenant un total de 180 ménages, auraient été réduits en cendres et 13 communautés auraient été déplacées.