D’après le Ministre de l’agriculture et du développement rural, le projet est constitué d’une autoroute agricole portée par le ministère de l’Agriculture et du Développement durable et le ministère des Domaines du Cadastre et des Affaires foncières. La première phase du projet et qui est la plus vaste vise à créer un espace de 1,131 million d’hectares pour les moyennes et grandes exploitations agricoles.
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Le Minader annonce que 400 000 hectares de terres vont bientôt être mis à la disposition des agro industries. Un réel paradoxe car ce projet pourrait contribuer à porter atteinte à la biodiversité et l’écosystème de la zone ciblée surtout avec de potentiels impacts sur deux aires protégées : les parcs nationaux de Mpem et Djim d’une part et du Mbam et Djerem de l’autre. Dans la même lancée, l’on pourrait s’interroger sur l’optimisme et les objectifs du Minader autour de ce projet quand on sait que les projets agro industriels jusqu’ici implémentés au Cameroun n’ont pas permis de produire ce que nous consommons.
« L’on pourrait ainsi se demander pourquoi le Gouvernement n’encourage pas davantage l’agriculture au niveau familial qui a, par le passé, constitué (et constitue encore d’ailleurs) la base de la production agricole et permis jadis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire du Cameroun, au lieu d’aménager un pont d’or pour le développement des agro industries dont la production est très (trop) souvent exportée, et où les camerounais sont généralement employés et payés à des salaires de misère? », s’interroge Stella Tchoukep.
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Selon le communiqué de Greenpeace, ce projet va couvrir une superficie qui représente près de 13 fois la ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun. « Il est une potentielle menace sur les droits des communautés qui vivent sur les terres ainsi délimitées. En effet, des populations vont certainement être obligées de quitter leurs villages, terres coutumières et leur terroirs d’activités, au profit de la mise en œuvre de ce projet agricole. » affirme Stella Tchoukep
Selon la même source, il y a certes un mécanisme d’indemnisation qui sera enclenché mais elle ne saurait être une mesure de compensation efficace quand on sait que la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique et aux modalités d’indemnisation de 1985 et son décret d’application de 1987 ne rendent pas du tout justice aux communautés.
Le projet est mis sur la table alors que le Cameroun n’a pas achevé la série de réformes engagées (réformes foncières, forestières et de l’aménagement du territoire). Pour Stella Tchoukep, ces réformes « devraient prendre en compte un certain nombre de préoccupations présentes et futures des communautés, notamment les besoins en terre et la sécurité alimentaire, l’impératif de la lutte contre les changements climatiques et de la protection de la biodiversité par une approche basée sur les droits ».