Les résultats livrés par cette étude sont hallucinants, car la contamination des sols est très peu étudiée. Sur 47 sites, 1 seul ne présentait pas de traces de pesticides. 67 molécules différentes ont été identifiées et 33 substances ont été trouvées dans un seul échantillon. Les sols les plus contaminés sont ceux qui abritent plusieurs cultures, avec une moyenne de quinze pesticides par site. Mais les sols de forêts, prairies, friches, ou en agriculture biologique depuis plusieurs années présentaient également des résidus de pesticides. Les auteurs de l’étude soulignent un « risque modéré à élever » pour les vers de terre dans les sols cultivés. Ils soulignent aussi que leurs analyses montrent que les pesticides persistent plus longtemps que prévu dans les sols. « La comparaison avec l’application de pesticides par les agriculteurs souligne la présence de certains résidus longtemps après leur dégradation supposée à 90 % et à des concentrations supérieures à celles prévues », écrivent-ils. Ils recommandent une surveillance de la pollution des sols aux pesticides à l’échelle nationale, à l’image de ce qui est fait pour l’air et l’eau.
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Cette augmentation va de pair avec la circulation de substances pour certaines très dangereuses. Elles sont utilisées dans des conditions d’agriculture locale, avec une impossibilité de fait des paysans de se protéger contre les expositions. Selon Moritz Hunsmann. « Se protéger des pesticides est déjà extrêmement difficile dans les conditions européennes. En Afrique, c’est souvent strictement impossible pour des raisons à la fois financières et liées à la structure des cultures familiales : il y a une imbrication des lieux de travail et de vie et, souvent, la présence d’enfants dans les champs, » explique-t-il.