Ces derniers mois, la canicule a signé son grand retour en Afrique. Certaines régions, comme le Maghreb, atteignent même les 50°C. Évidemment, le réchauffement climatique a une incidence directe sur les activités économiques, notamment l’agriculture. Des chiffres indiquent que ce secteur représente 20% du PIB total et 60% des sols fertiles se trouvent en Afrique. Pourtant, l’insécurité alimentaire fait encore de victimes sur le continent. Face à de tels défis, l’agriculture climato-intelligente (AIC) semble être la solution idéale.
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Où en est l’Afrique avec les pratiques AIC ?
Bien qu’elles tardent à s’imposer sur le continent, les techniques AIC sont déjà appliquées par certains pays. Ainsi, on distingue :
- L’agriculture de conservation
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une technique qui consiste à préserver les terres arables tout en reconstituant les sols dégradés. Elle présente les avantages tels que la réduction des besoins en main d’œuvre, des dépenses réduites pour l’entretien des sols, l’augmentation et l’amélioration du rendement, l’augmentation du volume de matières organiques, etc. Sur le continent noir, cette technique est fortement répandue notamment en Afrique australe et orientale. C’est le cas de la Zambie qui possède à ce jour 325.000 ha de terres sur lesquelles elle est pratiquée.
- L’agroforesterie
C’est un mode de production agricole associant sur une même parcelle des arbres à d’autres cultures. Ce procédé implique la lutte contre la dégradation des sols et l’intrusion des nuisibles, l’amélioration du climat des récoltes entre autres choses. Le système agroforestier est une aubaine, particulièrement pour l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Burkina Faso), en proie à d’importantes vagues de chaleur et où 70% de la population vit essentiellement de l’agriculture.
- L’irrigation intelligente
Pour pallier les revers de l’irrigation classique, il y a eu de nombreuses initiatives entrepreneuriales. C’est le cas du Cameroun, où une start-up agronome a développé l’AgroPad. Il s’agit d’un système d’irrigation à énergie solaire photovoltaïque, qui permet d’approvisionner les cultures en eau et engrais à distance via son téléphone portable. Grâce à un tel dispositif, l’agriculteur peut s’occuper de ses terres cultivables de n’importe où et détecter les éventuels freins à ses récoltes (précipitations, vents, intrusion de nuisibles, etc.).
- L’assurance agricole
Nouvelles sur le continent, les politiques d’assurance agricole se développent de plus en plus depuis quelques temps. Dans un pays comme le Nigéria, on envisage même de renforcer le marché de l’assurance agricole via le partenariat entre l’entreprise Africa Re et la Société Financière Internationale (IFC). À long terme, elle permettra de protéger les travailleurs de la terre contre les risques climatiques : sécheresse, précipitations, vents et catastrophes naturelles.
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Quels défis pour l’agriculture intelligente face au climat ?
Bien que les techniques susmentionnées soient déjà opérationnelles en Afrique, il faudra encore relever quelques défis pour transformer véritablement l’économie agricole du continent.
- Le manque d’informations des populations est un problème majeur. Pour démocratiser les pratiques AIC de façon homogène, il faut multiplier les séances de sensibilisation et même de formation à l’endroit des agriculteurs. C’est dans cette optique que la FAO a développé un guide spécialisé à ce sujet destiné à 14 pays africains ;
- Le soutien des pouvoirs publics doit être plus marqué. Les actions des organismes internationaux et régionaux ne suffisent pas. Les gouvernements doivent également s’impliquer en élaborant des politiques nationales et plans d’actions concrets. Aussi, doivent-ils participer à la redistribution équitable des terres arables et apporter un soutien financier aux populations rurales.