Aujourd’hui, elle est reliée par deux ponts à la ville de Saint-Louis, un centre régional sur le continent avec quelque 260 000 habitants mais ce petit monde est en train de disparaître, lentement, à coups de tempêtes et de raz-de-marée, lorsque l’océan a submergé la Langue et a déraciné ses 80 000 habitants.
La Langue de Barbarie illustre ce qui menace également d’autres rivages de la planète: avec le changement climatique, les glaciers fondent et le niveau de la mer monte. D’ici à 2035, on prévoit ici une montée des eaux de 30 centimètres. Mais les prévisions à plus court terme ont déjà été dépassées de 60% au cours de ces quatre dernières années. Même s’il ne s’agit, pour l’instant, que de quelques centimètres, les conséquences sont déjà catastrophiques sur la langue : les marées toujours plus hautes, les raz-de-marée et les courants plus violents ont transformé la côte en une sorte de zone de guerre. A certains endroits, la Langue n’est plus que ruine avec des nombreuses maisons, écoles et mosquées détruites et gisant dans des décombres.
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A ce jour, 20 000 personnes ont perdu leur logement sur la Langue. Un chiffre énorme quand on sait que la Langue de Barbarie est si densément peuplée. A côté , la ville de Saint-Louis, située à quelques centaines de mètres sur le continent, risque aussi d’être submergée.
En 2017, la Langue avait déjà été touchée par un important raz-de-marée. Et l’année suivante encore, un raz-de-marée haut de 2 mètres, avait tout détruit ici. C’est dans cet état d’urgence qu’en 2018, les Nations unies ont lancé un projet pour reloger les habitants de la Langue dans l’arrière-pays. Avec un budget de 95 millions de dollars dont 80 provenaient de la Banque mondiale et 15 du gouvernement sénégalais.
Une nouvelle ville est bâtie à 12 kilomètres de Saint-Louis, sur un site de 16 hectares, aride et balayé par les vents, où ne poussent que quelques arbustes. Les 600 premières maisons devraient être terminées d’ici à la fin de 2023.
La nouvelle ville offrira des logements pour 20 000 personnes. En principe, elle pourra ainsi accueillir tous les sans-abri de la Langue.
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Le relogement n’est pas la seule mesure en réponse au danger venu de la mer. Récemment, une digue de protection de 3 kilomètres de long et 13 mètres de large a été réalisée sur la Langue.
Cette digue est destinée à maintenir les habitants sur la Langue – mais pourrait aussi contribuer à prolonger leur agonie car chaque année, la mer vient plus près.